C’est après un temps de réflexion, de conseils et de rencontres en raids Goums et en Camp-École avec les Scouts d’Europe, que les deux principaux chefs des Scouts d’Artois, Yvon Libessart et Denis Xavier, prennent la décision de déposer leur candidature au Centre National SUF le 27 décembre 1974.
Suite à la rupture avec les Scouts de France (SdF), après quatre années d’existence, les Scouts d’Artois se sentent isolés, ils aspirent à des rencontres pour partager leurs expériences avec d’autres scouts au sein d’un mouvement, d'une "famille assez grande". Les SUF leur ressemblent. Issus tous deux des SdF avec qui ils ont conclu un accord de non agression, ils partagent les mêmes fondamentaux : la Patrouille, l’Aventure de plein air, la Promesse SdF.
La candidature est vite acceptée par un national SUF désireux de se développer en province. Le groupe unitaire audomarois d’une grosse trentaine d’éléments fonctionnent bien et constituera une tête de pont solide dans le nord de la France avec le groupe de Douai qui est SUF depuis 1971.
Néanmoins, ce rattachement comporte des avantages et des inconvénients.
Les avantages sont notamment administratifs (assurance, dossier de camp, insignes...) et pédagogiques (carnet de progression, revues, camp de formation...). Par contre les rencontres fraternelles, tant attendues, se révèlent exigeantes : les SUF du nord n’ont pas tous les mêmes habitudes et la guerre des classiques et des modernes peut vite réapparaître. Les Scouts « butagaz » et « matelas pneumatiques » de Ronchin irritent les audomarois qui sont pris, en retour, pour des inconscients quand ils insistent pour dormir sous tente et sous la neige en plein WE HP régional de janvier 1978.
Dans les années 1970 et 1980, des chefs audomarois (Denis Xavier et Etienne Dalle) ont eu l’opportunité de rejoindre le Conseil National des SUF, ce qui a permis de partager une certaine vision provinciale du scoutisme unitaire au sein des instances dirigeantes du mouvement parisien et d’être écoutés au sein de la région Nord.
Ce privilège perdu à partir des années 1990 aura tendance à isoler le groupe de St-Omer souvent mal compris et pointé du doigt pour des questions de style notamment liées aux différences entre scoutisme des villes et des champs. La paire de rangers achetée au surplus de Busnes (62) l’était bien plus pour des raisons économiques que pour des questions idéologiques.
Des tensions ont encore eu lieu au niveau régional et national jusque dans les années 2000 – 2010 et avec le recul, cela avait un certain charme... à la Uderzo !
Depuis 2010, l’uniformisation régionale et nationale des SUF est en marche notamment par l’intermédiaire de parents Chefs de Groupe et de Délégués Régionaux suivis de près par le National. Les différences de style entre les groupes s’estompent ce qui permet la réussite des grands rassemblements nationaux comme ceux de Chambord en 2007 et 2022. On pourra cependant regretter que cette uniformisation justifie parfois certaines rigidités allant jusqu'à l’exclusion ou la fermeture de groupes historiques et dynamiques (par exemple: exclusion du groupe ND la Real de Perpignan en 2017 et fermeture de la Troupe St Patrick de Quimper avec son bagad en 2022)… Terrible échec... C’est à ce moment qu’il est important de savoir d’où l’on vient… Il y a un demi-siècle, les exclus étaient nos aïeux, fondateurs des SUF, qui avaient défendu sans succès une diversité de styles et de pédagogies au sein des SdF !
La vie fraternelle au sein d'une grande famille est exigeante, elle nécessite de la compétence pour faire la distinction entre l'essentiel et l'accessoire et d'accepter une touche d'anticonformisme si cher aux premiers SUF... Bref d'être scout!
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